Sujet: Re: Concours de Mars 2014 Ven 20 Juin - 18:50 | |
| Et voici les résultats du concours !!(déso pour le retard j'suis méga occupée T-T)
Dans la catégorie dessin la victoire revient à
- Shyska:
(lien) Bravo tu as gagné la gloire et la fortune =D
Puis en 2emme
- Milana:
(lien)
Et 3emme
- Saphirina:
(liens : ici, ici et là
Et dans la catégorie écriture la victoire revient à
- Jaguarian:
Les Légendaires : Nouvelle Ère
Sept silhouettes se faisaient face à la lueur des chandelles. Ils étaient dans une taverne, visiblement bien après l'heure de la fermeture réglementaire, mais le patron ne s'en souciait apparemment pas, il restait dans son coin, derrière le comptoir, à nettoyer ses verres. Les sept individus portaient tous un long manteau à capuche, qui leur tombait jusqu'aux pieds, une capuche assez large pour se rabattre sur leurs fronts, dissimulant leurs visages dans l'ombre qui dansait autour d'eux. Ils étaient tous levés autour d'une table, aussi ronde que toutes celles de la pièce. Des chaises les attendaient, derrière chacun d'eux, comme si ils venaient de se lever. Ils continuèrent à se fixer silencieusement. Certains dissimulaient de longues armes sous leurs capes, d'autres les montraient clairement, attachées par dessus les longs manteaux... Aucun doute la dessus, ils étaient tous des combattants expérimentés.
Un de ces étranges voyageurs anonymes releva lentement ses mains vers la capuche de son manteau d'un vert extrêmement sombre. Il portait attachée dans son dos un énorme sabre, bleu éclatant, et à la garde ouvragée. N'importe quelle personne connaissant un minimum les armes les plus réputées d'Alysia reconnaîtrait instantanément le Léviathan, aussi nommé ''Sabre fratricide'', en référence à son triste passé. La capuche tomba dans le dos de l'homme, révélant une chevelure rousse, coupé très court, et une balafre effrayante barrant le visage de l'ex-commandant de la meilleure armée d'Alysia.
« Commandant Ikaël... chuchota la voix d'un autre encapuchonné plus loin, une fille, visiblement. -J'aurais du m'en douter, » reprit une autre voix.
Ikaël ne parut pas s'en étonner. Il regarda les six combattants qui lui faisaient face, en étant bien conscience que la plupart devaient déjà le connaître.
« Ainsi, vous êtes si nombreux à avoir répondu à mon appel secret, reprit le soldat d'élite... Je vous remercie d'être venus. Je suis Ikaël... Déserteur du corps des faucons d'argent. Autant vous le dire, ma tête est mise à prix. Mais depuis l’avènement du dieu du mal, ce genre de choses n'a plus d'importance, n'est-ce pas ? »
Il y eut un petit silence.
« Après la défaite des Légendaires contre le dieu du mal, Anathos, qui a pris possession du corps de leur ancien leader, mon frère cadet, les faucons d'argent ont lancé une expédition pour venger la mort des héros. Nous avons affronté le dieu... Je suis un des trois uniques rescapés. Je m'estime heureux de n'être reparti qu'avec ceci, dit-il en montrant sa cicatrice. La première escadre des faucons d'argent avait été anéantie... Mais ce n'était qu'une diversion que le roi avait prévu uniquement pour partir se cacher dans le temple d'Aube, à Rymar, ou même Anathos ne pourra l'atteindre. La mort de mes camarades avait été anticipée. On nous avait envoyés... mourir. -Ce n'est pas l'acte d'un roi, commenta furieusement un manteau bleu plus loin, apparemment plus pour lui qu'autre chose. -Non... En effet. Ikaël reprit. J'ai déserté l'ordre, en prenant le sabre du défunt colosse de Rymar, et en jurant de mettre un terme au règne maléfique du dieu. Si je ne le devais pas à Alysia, je le devais au moins à la mère qui a enfanté le corps dont le démon se sert. Le sabre qui est dans mon dos a déjà tué au sein d'une famille... Il recommencera par ma main. Voilà trois mois que je m'entraîne à le manier... J'ai pensé qu'il était temps de chercher des personnes pour m'assister dans ma quête. -Je serais honoré de vous... De te suivre, Ikaël. Une jeune fille prit la parole, en face du faucon déchu. Je pense que tu m'as déjà reconnue. -En effet, Toopie... Ta voix se reconnaît facilement. »
La jeune fille laissa tomber son manteau au sol. Elle était rousse, elle aussi, et portait un étrange système sur l’œil droit. Un système d'analyse en temps réel, aurait-elle expliqué si elle avait entendu ce commentaire. Elle portait des habits turquoise, comme à son habitude. On observait cependant assez rapidement des changements quant à son équipement comparé à celui qu'elle portait lors du pillage de l'Alystory. Tout d'abord, elle portait deux énormes brassards de métal aux poignets. L'un avait une boucle bleue, l'autre une boucle rouge. Les lames de Ténébris. Elle avait ensuite un sac à dos brun dans le dos, fixé par des sangles à son buste. De minuscules réacteurs se présentaient dans le fond du sac, qui en plus d'être un jet pack contenait sûrement de nombreux autres gadgets.
« C'est donc toi qui avait le Léviathan... Je l'ai beaucoup cherché, tu sais ? Enfin... reprit la petite fille, Je me présente. Je m'appelle Toopie. Je suis une réelle enfant, pas transformée comme vous par Jovénia. Je faisais partie d'un autre groupe de héros avant l'arrivée du fléau divin... Les fabuleux... Mes deux amis sont morts en me sauvant des infernaux, les lieutenants démoniaques d'Anathos, qui ont repris les apparences des anciens frères et sœurs d'armes de Danaël. J'ai juré de me venger d'eux... J'ai comme vous voyez moi aussi une arme venant des anciens Légendaires... Les deux lames de Ténébris... La dernière promesse que j'ai faite à Michi-gan était de m'améliorer au corps-à-corps... Je crois bien que je la tiendrais. -Et tu es prête à me suivre jusque dans l'antre du dieu, Toopie ? Demanda le frère de Danaël. -Plus que jamais. » Répondit-elle sans hésitation.
Il y eut un petit silence, puis une autre silhouette prit la parole.
« Cela me rassure... entama une voix d'homme, à la gauche de Toopie. Je pensais que vous alliez me parler de motifs tout beaux tout dorés... Mais si vous aussi vous parlez de vengeance, mon bras couvrira vos arrières. -Qui êtes vous ? Demanda une autre voix, entre l'homme qui venait de parler et Ikaël. -Oh.. reprit le premier. Vous ne devez pas me connaître. Mon nom est Luminar. »
La cape s'ouvrit de tout son long, révélant une énorme hache entre les mains de l'elfe. Ses cheveux étaient bleus. Il était borgne, et son regard semblait ne plus attendre grand chose de l'existence. Il portait des vêtements amples et bordeaux, fait pour le voyage, certainement. Il avait une besace qui pendait sur son flanc gauche, remplie de ce qu'il devait estimer nécessaire d'emporter avec lui.
« Je suis le père de l'elfe élémentaire qu'Anathos a assassinée. Je suis le père de Shimy, et j'obtiendrais ma vengeance. -Le père de Shimy.. ? Ikaël parut étonné. Vous n'étiez pas... ? -Dans l'armée elfique, oui. Après la mort de ma fille, j'ai démissionné, expliqua Luminar. Mon ancienne femme, la mère de notre enfant ne paraissait pas pressée de revoir le dieu. Je l'ai combattue devant notre roi en la blâmant de sa couardise, et il a fini par me bannir. Il faut dire que Shamira avait ses raisons de ne pas m'accompagner, cela fait longtemps qu'elle ne m'aime plus, il paraît même qu'elle s'est éprise du prince de Sabledoray. Mais je pensais qu'elle aurait eu le courage de se battre jusqu'à la fin. Elle m'a déçu, à vrai dire. Enfin... Je ne suis pas comme elle. J'ai engagé un contrebandier, un certain Olbatar, pour m'amener ici. C'est là qu'on a été attaqué par des vulturs. Le capitaine allait survivre, mais... Le bateau coulait. Olbatar a fait son devoir, et je serais mort moi aussi sans la personne à votre gauche, commandant. »
Luminar posa sa hache sur le sol comme une canne et fit un signe de tête en direction de l'individu à la gauche d'Ikaël. Celui-ci parut gêné quelques secondes, puis enleva à son tour sa capuche. Sa peau était bleue et son crâne jaune. C'était un piranhi. Il était vêtu, en plus de sa cape brune, d'une immense toge blanche, découpée de façon à pouvoir se battre en la portant. Il tenait un sabre court à la lame recourbée et une targe violette faisant à peu près la taille de son ventre.
« Mon nom est Rasga, annonça d'entrée le piranhi. J'ai servi aux cotés des mages Elysio et Darkhell, avec les Légendaires, et les fabuleux. Cela faisait longtemps que je regrettais de ne pas les avoir suivis après l'incident du Kréa-Kaos... Maintenant qu'ils ont trouvé la mort, il m'a suffi d'entendre la rumeur de la fondation d'une relève des héros pour comprendre que mon destin m'offrait une autre chance. J'ai trouvé Luminar sur le même bateau que moi, l'Unicorn. Je l'ai hissé sur un immense morceau de coque, ou nous avons combattus ensemble les assaillants. Mes armes sont les armes traditionnelles de mon peuple. Une lame courbe et courte, couplée à un bouclier. Je dois dire que peu de combats furent aussi furieux que celui que nous avons remporté, seuls contre une vingtaine. -Hé bah, hé bah, hé bah... L'individu entre Ikaël et Luminar prit la parole. Un commandant des faucons, un ancien général des piranhi, un lieutenant elfe, une héroïne humaine... Je fais bien pâle figure, hélas. -Cette voix !!! Ikaël parut choqué, cet homme avait déjà parlé, mais la voix ne lui évoquait des souvenirs lointains que maintenant. Vous !! Vous êtes... -Ouaip. »
La cape blanche comme neige vola derrière l'homme alors qu'il bondissait sur la table. Un arc sortit des plis du manteau, à la garde verte, et aux bouts dorés. Une myriade de cheveux verts flottait derrière l'inconnu, qui entama une chorégraphie guerrière, tailladant en tous sens avec son arme. Il finit par se fixer dans une pose particulièrement stylée, riant aux éclats. Ses habits était d'un bleu assez clair, et décorés de fines lignes d'or. Il portait également à la main droite un gantelet, semblant servir de bouclier ainsi que de lame cachée.
« Je suis Halan de Sabledoray, et roi de ce royaume, d'ailleurs. -Quoi ? Toopie fut sans voix quelques instants. -Idiot. Commenta Ikaël. Descendez immédiatement. -Ouais, ouais, soupira Halan en reprenant sa place. -Un... Roi... ? S'étonna une des deux silhouettes encore encapuchonnée, à la gauche de Rasga. Vous ? -Ouais, euh... Halan se tourna vers l'elfe du groupe. D'ailleurs en passant, Shamira, c'était moi, mais on a rien fait hein, c'est juste un pari, hein, et puis les rumeurs dans un camp, ça va vite, hein, et puis donc... -Laisse. Trancha sèchement Laminar. -Hrm. Bref ! Reprit l'ex-monarque. J'ai décidé qu'au final, Jadina avait raison. Donc de ce fait j'me suis barré du château en laissant le gouvernement provisoire de Sabledoray à un ami d'enfance. -Comment ça ? Demanda Toopie. -Le cousin de Jadina, Kasino, il s'appelle. Finit Halan en s'étirant. Ça craint rien, c'est un chic type. Bref ! J'ai l'arc ancestral de ma lignée avec moi. On m'entraîne à le manier depuis ma naissance en m'interdisant d'y toucher... Donc bon, je l'ai piqué en m'en allant. Et me voici. Il m'a pas fallu longtemps pour découvrir qu'un autre groupe de Légendaires se formait. Si votre tête est mise à prix, chef, ça devrait pas être trop dur de s'assurer la discrétion sur l'identité de vos camarades, non ? -Une minute, objecta Ikaël, on a jamais dit que j'étais le chef... -C'est pas le moment, commandant, rit Halan en tapotant l'épaule d'Ikaël, vous êtes clairement le plus qualifié, on en parle plus ! -Hum.. Toopie regarda les deux silhouettes se tenant entre Rasga et elle. Dans ce cas... Il ne reste plus que vous deux... -Hm... Je me présente ? Demanda le voisin de Rasga à la personne à sa droite. -O... Oui, oui, allez-y... Répondit timidement la voisine de Toopie, car aucun doute, c'était une fille. -Dans ce cas... »
Le garçon enleva tranquillement sa cape... L'assemblée fut choquée, faisant un pas en arrière. Gryfenfer se tenait devant eux !!!
« GRYF ??? Ikaël tiqua, alors que les autres poussaient des cris d'étonnement et de joie. -Désolé de vous décevoir, je ne suis pas Gryfenfer. -Comment ? Rasga pencha la tête sur le côté, intrigué.[color:8f47=#orange] J'ai déjà vu Gryfenfer, je le reconnaîtrais bien, enfin !! Qui êtes vous ? -Je suis son frère jumeau. Kel-cha, dit le jaguarian en sortant une immense lance de sa cape, au bois brun foncé, avec des décorations dorées et à la lame argentée. Et je suis le roi légitime des jaguarians. »
L'assistance parue en même temps déçue et impressionnée. La lance était ouvragée, mais la tenue du roi était bien plus élaborée, mêlant un tissu vert foncé à des plaques d'or et d''argent entrecroisées les unes sur les autres. Un bijou magnifique ornait le front du jaguarian. Ikaël fronça les sourcils en questionnant le souverain.
« J'avais entendu parler de cette histoire... Vous aussi avez quitté la régence ? -Absolument pas, reprit le jaguarian en armure dorée. C'est mon second, Kelma-thu, qui occupe le rôle d'intendant. Pour ma part, je me suis engagé dans une traque d'honneur pour tuer le dieu. Je ne reviendrais pas dans la cité cachée sans sa tête. De nombreux jaguarians ont tenu à m'accompagner, notamment la grand prêtresse et l’invoqueur de Jaguarys, mais je ne voulais pas que la cité soit sans défense en cas d'attaque... Quand j'ai eu vent de votre message, je me suis dirigé directement ici. -Et vous avez bien fait, seigneur. Annonça respectueusement Toopie. -Pourquoi on me traite pas comme ça, moi ? Chuchota discrètement Halan à Ikaël. -Parce que connaissant Kasino, vous n'êtes plus roi de rien du tout. Répondit l'ex faucon en souriant. -Bon... Et vous ? Demandèrent ensemble Luminar et Rasga en regardant la dernière cape. -Je... Je... »
Une larme perla du manteau brun. La jeune fille sortit un katana en lançant son manteau derrière elle, et se mit instantanément à genoux devant Kel-cha. Sa chevelure était blonde, et sa tenue tressée de vert dissimulait habilement son bras droit. Shun-day pleurait.
« Seigneur Kel-cha !! Je suis... Je suis désolée !! -Toi !! Le jaguarian saisit sa lance un peu plus fort, en regardant durement la galina. -Vous vous connaissez ? Demanda Rasga, dans le dos du monarque homme-bête. -C'est la fille de Skroa... Expliqua Kel-cha. Elle a attaqué la cité cachée il y a quelques mois... Elle est condamnée à mort depuis. -Cela n'a plus d'importance, non ? Déclara Luminar en regardant Ikaël. Le ''leader'' du groupe confirma d'un signe de tête. -Non, en effet. Si vous voulez vous battre, libre à vous... Mais si nous sommes ici, c'est parce que nous poursuivons le même but. -Hum... Kel-cha ne semblait pas si pressé que ça de tuer Shun-day. Par ta faute, Ko-chonu, mon garde du corps et ami d'enfance, a péri... Donne moi une raison de te laisser la vie... -Je... Shun-day parut se reprendre en levant les yeux vers le jaguarian. J.. Après l'attaque de la cité, vous m'avez traquée des mois durant, moi et mon père, mais je poursuivais les légendaires... Mon père m'a haï pour ça... Mais j'aime... J'aimais votre frère... J'ai essayé de suivre les légendaires, dans le but de leur parler, et de joindre leur groupe, mais j'ai perdu leur trace à Larbos, lors du pillage de l'Alystory... Quand j'ai su que... Que Gryf et tout mes amis avaient perdu la vie, je.. J'ai voulu... Elle pleurait de plus belle. Je ne savais pas... je ne savais pas quoi faire, alors.. j'ai voulu rejoindre ce groupe-ci... Je pensais que les venger... le venger... m’apaiserait peut-être... mais je n'ai pas le droit d'oublier ce que j'ai fait... Ma vie... Ma vie ne vaut rien... Et si je veux venger Gryf, vous devez vouloir venger votre ami... C'est à vous de décider de mon sort, seigneur... Sans votre frère, il n'y a plus que la mort à m'attendre, de toute façon... »
Un long silence suivit, interrompu seulement par les larmes de la jeune galina. Kel-cha la regarda longuement, crispé sur sa lance. Ikaël ne comptait pas intervenir. Ce n'était plus à lui de rendre justice, dorénavant. Toopie ne disait rien, ses lames prêtes à défendre la galina. Elle ne voulait plus voir quelqu'un mourir... Quel qu’il soit.. Et puis la jeune fille lui rappelait étrangement Shaki, sans qu'elle eut su dire pourquoi... Halan regardait la scène, intrigué par le second roi du groupe. Rasga et Luminar semblaient pensifs, chacun ayant son arme en main depuis leurs prises de paroles respectives. Finalement, le jaguarian reprit la parole, en posant une main sur l'épaule de Shun-day.
« Relevez-vous, mon amie... Votre père n'est pas vous. Et je crois... Que mes arrières seront plus assurées avec vous les surveillant que sans votre arme. Mon frère savait choisir ses amies. J'ai confiance en son jugement. -Roi Kel-cha.. Shun-day se releva doucement, son katana encore rengainé dans sa main. Nous vengerons Gryf, je vous le promets. -Vous avez l'air tous décidés à prendre la route à mes cotés, alors. Conclut Ikaël, le leader de leur petit groupe. -Oui. Ma décision est prise. Pour Razzia, Ténébris, Shaki et Michi-gan. -Je vengerais Jadina et ses amis. Et j'en dois une au chevalier Danaël depuis longtemps. -Je vous suivrais, frère de Danaël. Votre frère était un homme d'honneur et de confiance. Servir aux cotés de son aîné est une chose dont je me vanterais. -Nous poursuivons le même but. Pour ma fille, je me battrais à vos cotés, jusqu'à ma mort. -Pour Gryf... Et pour tout ce qu'il m'a donné. Mon sabre ne trouvera jamais le repos tant que le dieu respirera. -Mon frère aurait pu mourir pour le votre, commandant. Je tiens à honorer leur amitié. -Alors je pense que nous pouvons arrêter de nous vouvoyer. A compter de cet instant, nous sommes frères et sœurs d'armes. Je vais vous dévoiler notre objectif. »
Ikaël regarda ses six compagnons, qui paraissaient intrigués par sa dernière phrase. Leur objectif n'était-il donc pas d'attaquer le Castlewar pour trouver et tuer le dieu ? Le leader du groupe respira un petit temps, puis expliqua son plan.
« Comme vous le savez, le gardien a rendu l'âme contre le fléau divin. Seulement, les pierres divines étaient dans son corps. Si elles avaient été détruites, nous aurions subis coup sur coup de nombreux pluies semblables à Jovénia, chacune apportant une déformation de notre réalité. Par conséquent, de nombreux experts ont supposé que les six pierres existaient encore bel et bien. -Comment ?? Halan parut choqué. Mais... -Laisse-moi finir, je t'en prie. On savait déjà que la pierre de Crescia était entre les mains des dieux, et donc sans danger... Mais la survie des cinq autres pierres n'était qu'un pari... Cette information est absolument confidentielle, mais cette hypothèse a été confirmée... Car il y a de cela deux semaines, dans les ruines de la ville de Ravien, à Orchidia, les experts du roi Kinder et de la reine Adeyrid... On trouvé la pierre d'Arenéia. -COMMENT ??? Shun-day prit appui sur la table pour affirmer sa prise de parole. Mais ! J'ai hérité de la magie et la science de mon père, je connais toutes les pierres magiques, et si ce que vous dites est vrai, alors... -Je crois que tu as compris en quoi notre objectif consiste, Shun-day. -La pierre de Livéinia... -Exactement. Nous partons à la recherche de la pierre qui marque la frontière de la vie et de la mort. Nous avons déjà les brassards de Ténébris et le sabre de Razzia. J'ai également l'épée de bois que Danaël usait dans sa jeunesse. Je pense que trouver des objets que Shimy, Gryf et Jadina ont utilisé ne devrait pas être un problème pour vous, n'est-ce pas ? Et une fois que nous aurons la pierre... -Nous ramènerons les légendaires!!! -C'est... Réellement possible ? Demanda l'elfe du groupe. -La magie des dieux n'as pas de limites... souffla doucement Toopie. Michi-gan... Shaki... -Ikaël... Commença Shun-day Je connais le f... -Dès demain, interrompit Ikaël, nous partirons à la recherche de la pierre de Livéinia, mes amis. -A t-on au moins une idée d’où elle se trouve ? Demanda Rasga. -Aucune... Le gardien a sûrement envoyé les pierres n'importe ou sur la planète... Ça nous prendra sûrement des mois, ou des années pour retrouver ne serait-ce qu'une seule des pierres, et pas forcément la bonne... Peut-être que nous mourrons tous sans en voir une seule... Mais... voilà au moins une chose que nous savons. Ikaël dégaina l'immense sabre de Razzia, et le posa sur la table. Légendaires unis un jour... »
Le sabre de Shun-day vint immédiatement se poser, dégainé, sur celui d'Ikaël. La hache de Luminar se posa peut après, suivi du sabre de Rasga, et de la lame droite de Toopie. La lance de Kel-cha s'ajouta, et l'arc d'Halan compléta l'amas d'armes. Les sept héros parlèrent d'une seule voix.
« LEGENDAIRES UNIS TOUJOURS !! »
Et alors que l'espoir renaissait sur Alysia, le patron frottait ses verres derrière son comptoir, en se demandant quand est-ce que les sept gugusses allaient finir leur cirque.
Sérieusement concurrencé par notre second, c'est à dire
- El Diablo:
Les nouveaux Légendaires après tome 8.
L'aube se levait doucement sur le monde des hommes, le soleil illuminant paresseusement les éléments. Tapis dans l'obscurité de la nuit qui luttait encore pour se maintenir dans le ciel assailli, les arbres, les buissons et les champs de blé frissonnèrent. Le vent se levait lui aussi. Il balayait par tranquilles rafales habituées les poches de nuages sombres. Le monde brillait, à son meilleur moment de la journée. Un arbre explosa en une nuée d'oiseaux et ils furent accueillis par l'aboiement rauque d'un chien. Les mains serrées sur la rambarde de la fenêtre de sa chambre, Romain esquissa un sourire à travers sa barbe de trois jours. Voir le jour se lever était un vrai plaisir ces derniers temps, qu'il appréciait d'autant plus... La ville s'animait elle aussi à ses pieds. Les fumées s'échappaient lentement au-dessus des toits et quelques bruits de pas se mirent à résonner contre les murs. Le soleil finissait de se lever, le son de la vie reprenait enfin, Romain prit une grande inspiration. Respirer. Il recula et referma la fenêtre. Sa chambre était encore sale et en chaos, véritable champs de bataille où s'affrontaient piles de vêtements et moutons de poussières, implacables attaquants ne reculant devant aucun danger et tentant d'envahir le parquet. Il devait faire le ménage, même qu'une toute petite fois, juste pour renvoyer la poussière sous le lit et les meubles. La cacher, la rendre invisible, fermer les yeux. Comme il avait toujours refusé de voir ses problèmes, de les affronter. Comme il avait toujours fui le monde. Il soupira et passa la langue sur ses lèvres desséchées. Il fallait qu'il boive quelque chose, de l'alcool de préférence, et vite. Romain n'était pas un ivrogne, il aimait juste le bon vin et la bière fraîche, comme tout le monde. Oui, Romain était comme tout le monde, à quelques exceptions. Il passa devant son miroir et jeta un œil à son reflet. Une barbe de trois jours, des cheveux noirs en bataille et un visage taillé au couteau. Il ne s’était jamais rien trouvé, il n’était pas plus beau ou plus laid qu’un autre, mais il ne laissait que peu de femmes indifférentes à son passage. Il y avait étrangement quelque chose d’attirant sur son visage anguleux. Un air énigmatique et une lueur de danger dans ses yeux. Apparemment, ça plaisait à beaucoup de femmes et il lui était souvent arrivé de rendre visite aux plus belles d’entre elles.
Mais de toute sa vie, Romain ne s’était réellement senti amoureux qu’une fois, il y a longtemps. Il avait oublié la sensation de chaleur qui irradiait dans tout son corps, cette boule qui se formait dans sa gorge, les picotements dans ses doigts et ses mains tremblantes. Et depuis que c’était arrivé…il n’arrivait plus à ressentir tout cela pour une femme. Saloperie de miroir.
Il sortit de sa chambre et se prépara un frugal petit déjeuner, jetant un œil inquiet à son stock de pain. Ses placards étaient presque vides, mais ils l'avaient toujours été. Il lui restait un peu de soupe de la veille et une demi-plaquette de beurre. Trois bières et deux paquets de cigarettes, ses chaussures et un manteau. C'était tout ce qu'il possédait, en plus de quelques pièces dans sa bourse de vieux cuir élimé et fatigué. Pas vraiment la vie dont rêvait Romain, mais c'était bien mieux que d'autres, qui n'avaient rien d'autres qu'une couverture et des poux.
Il finit son bout de pain et enfila son manteau de cuir qu'il laissa ouvert pour sentir la fraîcheur matinale contre lui. Dehors le soleil était un peu plus haut et éclairait totalement le ciel sans nuages. Il surplombait la ville en pleine activité. Les badauds allaient et venaient, procession silencieuse, dos courbés sous le poids de la misère. Il y avait quelques échoppes çà et là, mais la plupart étaient fermés, et les autres étaient connus de Romain pour leurs petites magouilles illégales. Romain distingua un groupe d'hommes en noir qui discutaient et aperçut les poignards accrochés à leur ceinture. C'était en partie à cause de cette mafia que beaucoup de magasins des environs avaient vu leur gérant ''disparaître'' du jour au lendemain. La nuit, parfois, Romain pouvait même entendre les cris sinistres et les bris de verre. Il baissa donc la tête et pria pour que son manteau ne les intéresse pas aujourd’hui. Il n’y avait pas grand-chose d’intéressant sur Romain en fait, aucune richesse apparente. Ses chaussures épuisées traînaient d’un pas lent dans la boue et laissaient une trace humide et noire. Il avait beau les nettoyer, elles sentaient toujours autant la fiente, comme tout ce quartier. Le Quartier-Boue d'Oroban avait toujours était relativement pauvre, mais la situation s'était terriblement aggravée ces derniers temps... Romain n'avait pas besoin qu'on le lui rappelle, c'était placardé sur tous les murs. La guerre. La guerre partout, sur tout Alysia. Des fermes brûlées, des villes pillées et des royaumes rayés de la carte, tout ça en moins d'un an. Anathos, le dieu du mal réincarné avait déclaré la guerre à l’humanité toute entière, fermement décidé à ravager Alysia. C’était son unique but : tuer, détruire, piller, brûler. Cette guerre était alimenté par toujours plus de cadavres et de souffrance à mesure que les armées maléfiques du dieu progressaient. Romain s’arrêta devant une des nombreuses affiches de propagande, à demie arrachée. Il pouvait encore y lire, à côté d’une charge de cataphractes : ‘’Gloire, Honneur, et Victoire !’’ Une autre cherchait à inciter les citoyens à s’engager dans l’armée : ‘’Citoyens, Oroban a besoin de VOUS !’’. Romain soupira et alluma une cigarette dont la fumée âcre lui brûla la gorge et lui emplit les poumons, pour son plus grand plaisir. Il se demanda qui pouvait bien croire à ce genre de bêtises gribouillées sur ces dessins de mauvais goût. Personne. Sûrement pas le chien sale qui se soulageait sur le portrait sévère du roi. En reprenant sa route, Romain se dit qu’ils mourraient tous si Anathos gagnait, mais qu’ils auraient autant de chance de survie en se terrant dans les villes que sur le champ d’honneur. Les morts sont pareils de toute façon, riches ou pauvres, et l’honneur ne servaient à rien aux cadavres. Alors la vie suivait son cours, avec la Mort comme voisin de palier.
La place Erwan n’avait rien d’accueillant. Rien que les 10 gardes postés à chaque entrée suffisaient à dissuader n’importe qui de venir faire des affaires ici. Leur hallebardes affûtées et leurs airs goguenards étaient vraiment effrayants, mais pas pour Romain, qui venait ici presque tous les jours. De toute façon, la garde de la ville était devenue une sorte de milice privée tant elle était rongée par la corruption. Certains portaient même ce statut, si effrayés de se retrouver sur un champ de bataille en manque de recrue à dévorer. Romain n’en connaissait aucun et n’en payait aucun, mais il savait éviter les ennuis et ne pas attirer l’attention des puissants, une qualité toute recommandée aujourd’hui. Les gardes ne le regardèrent même pas et le laissèrent passer sans encombre. Ils n’étaient pas vraiment aux aguets, c’était encore le matin et les énormes poches sous leurs yeux vides témoignaient d’une nuit à monter la garde, si bien que le plus gros ne sentit pas les doigts de Romain effleurer sa hanche. Ce dernier soupesa la bourse qu’il venait de voler et se dit que sa journée commençait bien. Un salaire entier de garde trop payé et Romain servait presque la justice, à sa manière. Il esquissa un sourire triste. La justice l’avait abandonné depuis longtemps, lui.
La place Erwan était l’exact opposé du reste du Quartier-Boue d’Oroban, pleine de commerçants braillards qui hurlaient les mérites de leurs produits. Il y avait tout de suite plus de monde, mais la classe sociale n’avait pas changé, loin de là. Et toujours ces hommes en noir qui semblaient passer inaperçus. Pour Romain, c’était l’endroit le plus noirci par les mafias, et elles se battaient pour posséder les gardes, les boutiques, les hommes et leur vie jusque dans leur façon de marcher. Cet endroit était couvert de sang, et une purge ne suffirait pas à en déloger la crasse tenace. Mais Romain ne voulait pas s’intéresser à ces affaires, il voulait rester vivant. Vivant et entier si possible.
Il se dirigea donc d’un pas tranquille vers une petite auberge dont il connaissait le gérant. Il s’y rendait souvent pour boire un coup. Trop souvent, mais il ne pouvait pas ignorer sa soif et c’était un besoin naturel ! Il entra et s’assit au bar, commanda un verre de Shirk, un alcool léger local.
-Comment va ce vieux brigand ? demanda Al dans un sourire en remplissant son verre. L’est il pas un peu tôt pour ça ? Enfin tu payes, et c’est ce qui compte !
Al n’était pas vraiment un ami, Romain n’en avait jamais eu, mais c’était un bonhomme jovial qui n’arrêtait jamais de parler, sans même attendre de réponses. Et ça, c’était tout ce que voulait Romain, un homme qui parle, qui le berce par le son de sa voix. Même si celle-ci était pleine de jurons et de mots d’argot, ça valait mieux que le silence.
-Tu fais quoi aujourd’hui ? reprit Al.
Romain but une petite gorgée rafraîchissante et posa la bourse du garde sur le comptoir.
-Je travaille, répondit-il d’une voix glaciale. Regarde, j’ai déjà commencé. -Tom ? S’étonna Al en inspectant la bourse. Je le connais lui !
Le voleur leva le nez de son verre et fronça les sourcils, mais le gros pif de Al n’était pas plus rouge qu’à l’accoutumé. Celui-ci fit tourner la bourse en cuir et pointa un index boudiné dessus.
-Regarde, il se l’est fait gravé ! Ils ont dû recevoir une nouvelle prime, parce que ça coûte bonbon ça ! -C’est quoi cette connerie ? marmonna Romain. -Aucune idée, et ça sert à rien une fois qu’on l’a perdue. Mais ce Tom, je le connais, c’était le frère de l’ami d’un gars qui s’appelait…ah fiente, c’t’alcool me fait des trous dans l’cerveau j’te jure !
Romain finit son verre et alluma une nouvelle cigarette dont la première bouffée lui allégea soudain les épaules. La fumée de sa cartouche monta mollement et se mêla au nuage qui se formait contre le plafond. Il se demandait dans quelle zone il allait traîner aujourd’hui. La bourse du garde ne le contenterait pas, et il avait besoin d’argent ces derniers temps, de beaucoup d’argent. D’ailleurs, il volait même quand il n’avait pas besoin d’argent mais il connaissait déjà le nom de sa maladie devenue une extension de lui-même. Ayant les poches les plus remplies, il se dit qu’il pouvait aller zoner dans un quartier chic près du palais. C’était risqué et les gardes étaient des vrais, mais les semer n’avait jamais été un souci. Ils ne s’aventuraient guère dans le Quartier-Boue. Il ferait donc cela, il irait piller quelques poches trop pleines et rempliraient les siennes pour son seul plaisir.
Soudain, une vague de souvenirs l’assailli, le surprit et le déborda en quelques instants. Le sourire de sa femme se matérialisa contre son gré dans son esprit. Ce sourire captivant, enjôleur, merveilleux qui lui revenait parfaitement. L’odeur de cigarette et d’alcool laissa place à un doux parfum de fleurs, celles qu’elle avait l’habitude de mettre dans ses cheveux le matin, fraîchement cueillies. Ils étaient dans un champ, elle courait devant lui, le blé effleurant doucement ses jambes. Il sentait les épis contre la paume de ses mains tandis qu’il avançait, tranquillement, un sourire dessiné sur son visage. Ses lèvres embrassaient les siennes, ses mains remontaient le long de ses bras, sa peau frêle frémissante, nue. Serrés l’un contre l’autre, à l’ombre d’un arbre, loin des hommes, des problèmes, de la guerre, de tout, comme de jeunes adolescents en fuite. Son visage s’assombrit et se tordit dans une expression de colère. Elle était assise à côté de lui, fraîche dans sa robe blanche mais inquiète. Ses yeux étaient fixés sur lui comme s’ils attendaient quelque chose. Il avait juré de la venger. Il les avait maudits et avait hurlé à la vengeance. Des tordus, des mafieux, des bandits, des meurtriers ! Que restait-il de sa rage aujourd’hui ? Il était retombé bien bas, au fond du trou même. Ce n’était plus qu’un pauvre homme hanté par ses rêves et incapables de les affronter.
Il se rendit compte que sa main droite tremblait, comme à chaque fois qu’elle lui revenait. Il pinça les lèvres et ferma le poing, serrant aussi fort qu’il le pouvait avant de la secouer pour chasser le souvenir.
-Un autre, grogna-t-il en avançant son verre.
‘’J’emmerde les souvenirs, pensa-t-il.’’
Il écrasa son mégot de cigarette dans un cendrier et avala une grande gorgée de Shirk, mais l’alcool ne lui fit aucun effet du tout. Il ne sentait pas mieux. Romain remarqua alors, qu’il y avait une étrange émotion sur le visage de Al. Romain n’avait jamais été doué pour reconnaître les expressions faciales, mais il crût discerner de la gêne.
-Accouche, dit-il d’un ton sec.
Al prit un air étonné et regarda autour de lui, comme s’il se demandait si on parlait de lui, ou pour s’assurer que personne n’écoutait. Il s’essuya les mains et se racla la gorge.
-Bon, j’ai un petit truc à t’dire, commença-t-il à mi-voix en s’approchant. T’es pas sans savoir que j’ai un p’tit accord avec le vieux Kark, qui protège ma boutique depuis pas mal de temps. Mais y’a longtemps qu’il a perdu ses derniers cheveux blancs, et il est plus bon à rien ! Son clan est en train de se péter en deux. La moitié va se barrer chez Narro et l’autre va se massacrer pour le peu qu’il restera ! -Tu es doué pour ce qui est de te mettre dans la fiente toi, soupira Romain. -Je sais je sais, ils se foutent bien de ma tronche maintenant ! J’aurais pas dû investir chez Kark, fiente ! Et maintenant je vais me faire péter les deux jambes si je dégage pas d’ici…
Romain but une nouvelle gorgée et se contenta de hausser les épaules. Al n’avait qu’à bosser avec Narro s’il voulait sauver sa peau et se vendre au plus offrant. Romain n’en avait rien à ficher.
-Kark est un fumier, cracha Al. Je lui dois deux trois trucs, et il est pas du genre à oublier. Si je me tire, il trouvera le moyen de me liquider, j’le sais ! Et ce petit fada de Narro n’est pas digne de confiance ! Il pourrait bien me dégager à coup de pieds au rectum et mettre quelqu’un dans mon auberge. Dans les deux cas je me fais baiser pétard !
Le voleur posa soudain un regard noir sur l’aubergiste et serra la mâchoire. Il put voir à quel point le pauvre Al était terrifié, comme un animal aux abois. Il allait peut-être se faire buter, mais il préférait toujours ça plutôt que de se retrouver mêlé aux affaires de Narro et de Kark. Ça, c’était signer son arrêt de mort. Romain n’était qu’une ombre aujourd’hui, mais il ne voulait pas mourir, pas encore. Il esquissa un mouvement de recul et prit une profonde inspiration, méfiant.
-Ecoute, reprit Al en se rapprochant encore un peu plus. Cet après-midi, quelqu’un doit me remettre un petit quelque chose, qui devrait…euh, arranger les affaires. Cherche pas, mais ce colis doit m’être remis s’être après-midi, mais je suis sûr que les gars de Narro seront dans le coin et viendront fourrer leur nez dedans…si ça ce sait, ça craint un max, tu vois ? Alors…euh j’voulais voir si tu… -Si je pouvais aller me faire buter à ta place ? Termina Romain, ses yeux réduits à deux petites fentes sombres. -Attends ! J’ai pas dit ça ! Paniqua Al en écarquillant les yeux. D’accord, y’à p’têtre des risques, mais à propos de ça… je te paierais bien, très bien ! 4 000 kishus, c’est plus que ce que t’as jamais eu !
L’évocation d’une telle somme mit un frein à la fuite de Romain. Son regard changea lui aussi, étrangement. Il haussa même un sourcil interrogateur. Bien sûr cet argent ne provenait pas de la vente de spiritueux, le voleur s’en doutait bien, mais 4000 kishus quand même…
-La moitié maintenant, et la suite une fois le boulot terminé, on fait comme ça ?
Romain hésita un dernier instant. C’était un voleur, un vrai kleptomane mais certainement pas un malfrat, un homme de main de mafieux… Et puis surtout, que dirait elle si elle le voyait ? Il valait mieux être prudent, rester hors de tout, du réseau, comme il se le répétait à chaque fois. Il savait néanmoins que tôt ou tard cette monstruosité gorgée de sang et de fric allait le happer, l’assimiler à elle-même et le faire disparaître. Romain décida qu’il avait assez souffert.
-J’accepte, dit-il d’une voix faible en fixant Al dans les yeux. -Super, je savais que tu me lâcherais pas !
Al déposa une liasse de vieux billets froissés frappés de l’effigie sévère du roi sur le comptoir et la poussa doucement vers Romain qui s’en saisit promptement. Quelques renseignements sur le lieu du rendez-vous plus tard, le voleur sortit de l’auberge, découvrant que midi approchait déjà. Il inspira profondément et se mit en route.
*
Romain passa sous l’arche Divina et s’engagea dans les dédales de ruelles étroites des bas-fonds d’Oroban. Les mains dans les poches, le rythme de ses pieds toujours calme, mais il était aux aguets. Le danger pouvait surgir de n’importe où et n’importe quand et pour la première fois, l’absence de son couteau de chasse à sa ceinture. Il n'était pas mauvais à mains nues, mais les lames étaient monnaie courante par ici. Encore quelques pas, il était arrivé. Un échafaudage effondré faisant face à un dessin caricatural du roi, rue Dagget. L’œuvre ne savait pas encore quelle de quelle scène elle allait témoigner. Une rue sombre et presque déserte, mais il s'y attendait. C'était là qu'on devait lui remettre un ''petit quelque chose''
-Ah, te voilà enfin toi...
Le petit quelque chose en question était un énorme gourdin qui s'écrasa sur le crâne de Romain. Ses oreilles sifflèrent horriblement alors qu'il sentait le sol s'effondrer sous ses pieds. À moitié assommé, la vue floue et la tête comme comprimée dans un étau, il tenta maladroitement de se redresser sur ses coudes, sentant un liquide chaud se mêler à ses cheveux. Un pied sur sa poitrine l'obligea à rester étendu. En même temps, il n'aurait été capable que de vomir s'il s'était mis debout. Sa vue embuée lui revint lentement, et il distingua un homme le surplombant, portant un uniforme bleu impeccable de la garde orobanaise. Le gourdin était toujours dans sa main.
-Enfin, fit une autre voix, calme. Depuis le temps qu'on essaie de te choper.
Au prix d'un terrible effort, Romain tourna légèrement la tête et aperçut un autre soldat, bien habillé, surmonté d'un chapeau à plume. Un officier. Il tournait le deux aux deux hommes, les mains dans le dos, le regard fixe sur la caricature du roi.
-Vous...vous trompez de personne, parvint à articuler le voleur avant de cracher du sang.
Un coup de pied dans les côtes le réduisit au silence et le plia en deux dans un gémissement étouffé. Il eût le souffle coupé et se mit à tousser.
-Bien sûr, répondit l'officier dans un rire dédaigneux. Tu nous auras tout de même coûté 4000 kishus, juste pour qu'un aubergiste crasseux vende la mèche... d'ailleurs, George, au lieu de le fracasser, reprend lui les 2000 que ce bon vieux Al lui a...prêté pour venir ici. Ce pouilleux nous aura été utile au moins.
Romain fit tourner le nom de son ami dans sa bouche tandis que George lui faisait les poches. Il avait un goût terriblement amère ce nom, et le voleur l’imaginait parfaitement derrière son bar, comptant les billets, se construisant une petite retraite presque légale.
-J’ai compté deux milles, annonça George en brandissant les billets. -Bien, répondit le Capitaine dans un soupir dédaigneux, presque ennuyé. Finit donc le travail.
Dans un suintement terrifiant, le Capitaine dégaina une longue épée qui reflétait mollement la rare lumière du soleil. L’homme la leva devant lui, soupesa la lame sûrement bien équilibrée et finit par fendre l’air de quelques coups souples. Une belle épée, bien travaillée, faites pour trancher beaucoup de choses. Des gens par exemple. George se saisit habilement de l’arme lancée, puis du poignet droit de Romain. Celui-ci connaissait le tarif des voleurs. Une main en moins, et dans ses conditions, il allait peut-être se vider de son sang et crever ici. Sa longue route pleine d’embûches et d’obstacles, sa longue vie à batailler contre la solitude, la mort qui suivait chacun de ses pas, et sa lente agonie, tout s’achevait entre un échafaudage effondré faisant face à une caricature du roi, rue Dagget. Voilà.
-Dégage !
Un pied s’écrasa soudain sur le crâne de George qui alla rouler dans la boue un peu plus loin. Le Capitaine n’eut pas même le temps de dire un mot qu’il s’écroulait déjà face en avant, dans un râle sourd. Le surplombant de toute sa hauteur, une jeune femme avait les yeux rivés sur Romain, inerte. Son visage était dur, figé dans une expression sévère, surmonté d’une chevelure rousse attachée en queue de cheval et enfin, équipé de deux yeux verts étincelants, flamboyants de vie. Ses bras nus laissaient voir une musculature sèche et puissante. Elle avait quand même balayé ce gros monstre de George d’un seul coup de pied… Quand il voulut se redresser, une vague de douleur le rappela à l’ordre. Sa tête lui faisait atrocement mal, comme prête à exploser et à se disperser dans la rue, comme si des aiguilles se glissaient sous sa peau en se dirigeant lentement vers ses yeux fermés. maraud de George et son pétard de gourdin !
-On se calme, chuchota soudain une voix.
Il grogna de protestation en sentant des mains écarter les siennes, émit un faible gémissement, quand elles se posèrent sur son crâne ensanglanté. Ces mains étaient étranges. Elles irradiaient une douce chaleur, jusque-là inconnue à Romain. Une chaleur qui voyageait dans tout son corps et jusqu’à ses pieds. Petit à petit, il sentit les attaques furieuses des aiguilles s’estomper, la pression se relâcher, sa douleur…disparaître. Tout semblait fuir par les mains de la femme, ses problèmes, ses doutes et ses craintes. Romain ne ressentait plus que la douceur de ces mains, sûres et immobiles. Il crût passer un moment infini en compagnie de celles-ci, oubliant sa position, ses yeux fermés et le reste. Lorsque le voleur rouvrit les yeux, la rousse retirait ses mains. Elle les frottas contre son pantalon, gênée, le regard fuyant.
-J’ai stoppé l’hémorragie, annonça-t-elle en se relevant d’un coup.
Un homme et une femme parurent à ses côtés, restant légèrement en retrait. D’office, la rousse était la chef du groupe. Romain était complétement sortit de son espèce de léthargie et se releva sur ses deux pieds sans trembler. Il allait parfaitement bien, grâce aux mains de la rousse. L’homme le toisait du regard, les bras croisés sur sa forte poitrine. La femme, elle, se tordait les mains et lançait des regards inquiets autour d’elle et aux corps des deux gardes, visiblement paniquée et ne sachant pas trop ce qu’elle faisait là.
-On ne se connait pas je crois, dit simplement Romain en essuyant un peu de boue de son manteau. -En effet, répondit la rousse sans bouger, lui faisant face, comme tentant de percer son visage à jour.
Il haussa un sourcil quand elle lui tendit sa main fine, se demandant s’il allait ressentir cette chaleur à nouveau ou non. Il la serra. Non, rien, seulement une belle main.
-Je m’appelle Charlotte et mes deux compagnons sont Marianne et Maxime. Et vous êtes ? -Romain… qu’est-ce qui vous a pris d’assommer ces deux-là ?
Il désigna d’un geste du menton les gardes écroulés dans la boue.
-Eh bien, ils allaient vous trancher la main je crois. Ne me remerciez surtout pas. -Ce n’était pas mon intention, dit-il dans un sourire.
Maxime se rapprocha sans quitter le voleur des yeux, toujours avec cet air menaçant. Il devait avoir une sorte d’aversion pour les gens de l’espèce de Romain, et pas sûr qu’il soit intervenu sans la décision de Charlotte…
-Maintenant que nous avons pris tous ces risques pour sauver la main de ce type, on pourrait peut-être songer à lever le camp avant que toute la ville ne nous tombe dessus. -Attendez, fit Romain. Je n'y comprend rien. Depuis quand on sauve des voleurs ? -Vous n’avez peut-être pas entendu parler de nous, répondit Charlotte. Nous sommes les Légendaires.
Romain se mordit la lèvre supérieure et leva un sourcil. Il avait entendu parler des Légendaires, justiciers hétéroclites. De véritables héros toujours prêts à aider le monde. Tués un beau jour d’été par la réincarnation d’Anathos, qui avait pris possession du corps de Danaël, le chef de ces malheureux héros. Aucun de ces trois-là n’avaient l’allure de héros. Romain lui-même n’en connaissait pas la signification. Un héros qui se bat pour la justice…un héros, c’est vague, flou. C’est une idée plus qu’un homme.
-Enfin, les nouveaux Légendaires, précisa Charlotte. Les autres sont morts, on le sait tous. Cette ville est gangrenée de corruption et la mafia fera bientôt plus de victimes que la guerre d’Anathos. C’est la même chose un peu partout, et ce qu’on veut, c’est faire tomber ces petits profiteurs, qui s’enrichisse sur la misère de tout un peuple et qui le tue à petit feu. Voilà ce que nous sommes. Les serviteurs d'un idéal de justice et de paix. Nous n'exterminons pas des centaines d'ennemis sur le champ de bataille, mais nous nous débarrassons des chaînes qui emprisonnent le peuple en leur redonnant espoir. Avec un idéal auquel se rattacher, une pensée commune qui peut les animer tous ensemble, ils vaudront 10 armées sur le champ de bataille. C'est ça notre vrai travail. Un travail de héros.
Romain ravala sa salive devant ce discours. Cette femme dégageait une véritable aura d'autorité et avait un charisme fou. Lui qui vivait reclus depuis si longtemps, avait presque envie de la suivre. Non, il le sentait au fond de lui, comme un brasier ardent et inexplicable, le désir de la rejoindre.
-Une main tranchée équivaut à une condamnation à mort, poursuivit Charlotte, un air déterminé peint sur le visage. Ces deux-là le savaient très bien. De toute façon ils se trompent de coupable. Ce ne sont pas des gens comme vous que nous cherchons. Ce qu'il faut, c'est anéantir le réseau.
Romain regarda ses mains, ses vêtements. Ils étaient couverts de crasse, de boue et de poussière. Ils étaient usés par la fatigue et le temps. Que lui restait-il aujourd'hui ? Ils avaient pris sa femme, ils lui avaient tout pris. En passant la langue sur ses lèvres sèches, il se rendit compte qu'il avait oublié le goût amer de la vengeance. Il avait arrêter de les pourchasser, il avait lâchement abandonné et avait préféré se terrer chez lui. Cette femme ravivait en lui une vieille flamme éteinte et en relevant des yeux brillants de détermination sur elle, il décida de la laisser éclater, de la laisser le consumer entièrement. La vengeance, alors.
-Je vous suis, déclara-t-il. Je vous rejoint.
Ils marquèrent une pause se jetèrent des regards étonnés, circonspects, déconcertés. Marianne jeta un regard affolé aux deux autres, attendant une réponse. Le visage de Maxime se durcit encore plus et Charlote croisa les bras, la tête penché sur le côté.
-Je n'ai rien à perdre, expliqua le voleur. Et si c'est un réseau que vous voulez abattre alors...je suis l'homme qu'il vous faut, en quelque sorte. -Eh bien Romain... pourquoi pas, si tu te propose. Vous êtes d'accord vous deux ?
Maxime haussa les épaules et se détourna. Marianne jeta encore un œil à Romain, un peu dégoûtée de son état. Puis elle adressa un semblant de sourire à Charlotte.
-Quels légendaires serions-nous, dit-elle d'une voix tremblante, si nous n'avions pas un criminel repenti parmi nous ?
Charlotte eut un petit rire intérieur et secoua la tête, les bras toujours croisés. Romain ne cilla pas, suspendu aux lèvres de Charlotte, attendant ses prochains mots décisifs.
-C'est d'accord Romain. Tu peux te joindre à nous et nous aider. Viens, on dégage de là.
Les Nouveaux Légendaires s'éloignèrent des deux corps et de la ruelle, laissant le voleur seul un instant. Il se retourna une dernière fois pour adresser un sourire à sa femme, qui avait vu toute la scène. Tout cela serait bientôt terminer. Quand il en aura fini, elle cessera de le hanter.
-Tu vois, je t'ai fait une promesse, murmura-t-il. Je la tiendrai. Nous serons bientôt libre tout les deux, bientôt. Je... je t'aime...
Et il quitta la ruelle, suivit les Nouveaux Légendaires, couru vers sa nouvelle vie.
Bravo à nos participants que la force soit avec vous... heu non c'pas ce que je voulais dire... |
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Renversant Grammairien
Bouda la lunatic'Messages : 1840 Date d'inscription : 08/08/2010 Age : 36 Localisation : Dans les bras de Raven(Elsword), un beau ténébreu de jeu vidéo ♥
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