Introduction :
   À la Prison Barek, où de grands criminels y furent arrêtés, un mystérieux empoisonneur y rôde... Ténébris, la plus grande criminelle de tout Alysia, fut arrêtée il y a de cela pas très longtemps, y demeure, et ce, pour le reste de sa vie. Mais, elle avait changé. Elle n'était plus Ténébris. Ou du moins, celle qu'elle était avant : une tueuse. Mais, à son grand désespoir, son sinistre passé la suivait, où qu'elle aille. C'est bien d'ailleurs à cause de cela que les gardes avaient une grande méfiance envers elle, et pour eux, elle est et ne sera jamais innocente. Le chef de garde, lui, était de loin le plus méfiant envers cette criminelle. Il était certain qu'elle était de mèche avec ce rôdeur. Mais, il n'avait aucunement le droit de l'accuser sans preuve et avait bien l'intention de l'interroger pour en trouver. L'instant après y avoir songé, il appela le garde de sa cellule pour l'amener à son bureau et lui soutirer des réponses...

  Depuis plusieurs jours, ou semaines, Ténébris ne dormait plus. Ou du moins, que très peu. Elle se souvenait de ces mots ... "...Tu ne seras jamais rien de plus qu'une abominable criminelle ayant tué des millions d'innocents..." ces mots ... ceux du chef de garde ... elle y repensa nuit et jour. Cela l'avait hanté. Tous ces souvenirs de meurtres, abominations, d'amour, massacres, de folie, et de cœur brisé ont ressurgi du fin fond de sa mémoire, qu'elle était pourtant sûre d'avoir fermé à double tour. Voire triple. Elle repensait à Korbo l'Ombre Rouge. Oh, Korbo ... il était celui qu'elle aimait. Celui pour qui elle a fait ces massacres.
Mais ... il était aussi celui qui l'a abandonnée, la laissant seule, sombrer dans la folie. Celui qui l'avait quasiment livré aux gardes .... celui qui lui a brisé le cœur, la rongeant de intérieur, tel une lame empoisonnée. De jour en jour, elle maigrissait, n'arrivant pas à manger, et ses joues se creusaient. Elle était presque devenue squelettique. Le visage émacié, elle avait des cernes marquées.
  Elle se réveilla. Ou plutôt se leva de sa couchette, car elle n'avait pas fermé l’œil de la nuit. Quand elle y parvenait, elle se réveillait toujours avec les cauchemars de ses abominables tueries, toujours en hurlant, empêchant les autres prisonniers paisibles - ou plutôt des prisonniers fous mais qui arrivaient trouver le sommeil - de dormir.
  Elle entendit le garde de sa cellule qui l'appeler car le chef des gardes l'avait convoquée.
- "Ténébris, le chef des gardes veut te voir, il veut te poser des questions.
  - Et puis quoi encore ! Qu'est-ce que j'ai fait ! Je vous signale que je n'ai dérangé personne cette nuit !
  - Je suis désolé, je n'en sais pas plus que toi. Mais tu devrais te dépêcher, il est de mauvaise humeur, et tu le connais."
  Résignée, Ténébris se leva, puis, ses jambes se dérobèrent sous elles.
 "Ah. Je ne suis finalement pas aussi bien que je ne le pensais." Se dit Ténébris.  
  Le garde essaya de l'aider mais elle le repoussa.
  - "C'est bon, je sais comment me lever. Je suis assez grande."
  Difficilement, Ténébris se leva et le suivit. Il ne lui adressa pas un mot pendant tout le chemin.
  "Je l'ai peut-être vexé ..." pensa-t-elle.
  Arrivée au bureau, Ténébris vit le Chef de garde. Il avait l'air impatient de l'interroger. Puis, sans dire un mot, elle s'assit dans le siège qui faisait face à celui du chef.

  "Bien. Nous allons commencer... Qu'as tu à voir avec cet empoisonneur ? Je sais que c'est toi. Tu y est forcément mêlée... Je te conseille d'être franche; je sais quand on me ment. Et j'ai des moyens très radicaux pour te faire parler. "
Ténébris le vit jeter un œil rapide à une vieille caisse de bois abimée sur lequel gisaient des taches rougeâtres. Des outils de torture ? Elle esquissa un sourire. Ce vieux fou méritait d’être enfermé ici comme tous les autres amateurs de la torture. Si jamais je lui "empruntait" son matériel si précieux, et le montrait aux autres gardes, il serait mal. Très mal. Assez pour se faire renvoyer de cette fichue prison. Ou mieux : l'enfermer. pensa Ténébris.
"Donc ?" continua Le chef de garde, ignorant que Ténébris ne l’écoutait plus depuis belle lurette.

  Cela la fit sursauter. Elle effaça ses pensées comme de la craie sur un tableau et se concentra. Elle savait que certaines personnes pouvaient fouiller sa tête et sa mémoire sans qu'elle ne rende compte. Elle avait donc appris cette technique pour ne pas dévoiler ses plans de meurtres, autrefois. Se rendant compte que ses pensées dérivaient a nouveau, elle se concentra le plus possible.

Le chef de garde l'interrogeait. Il la soupçonnait. Que devait-elle faire ? Lui balancer tout ce qu'elle pensait de lui et de ses manières de meurtrier, et qu'il était ridicule de la soupçonner alors qu'elle était inconsciente lors de la dernière attaque ? Non. Cela ne la fera que se faire suspecter encore plus. Il fallait qu'elle pèse chacun de ses mots et les choisisse soigneusement avant de les prononcer.

  Puis elle se souvint de cette phrase. Ceux qui l'avaient blessée au plus profond de son cœur. Ceux qui l'ont mise dans cet état pitoyable. C’était a cause de lui. Soudain, une rage étrange la poussa a crier, et elle ne put résister. Elle hurla :
  "Est-ce parce que je suis de loin une des pires criminelles de tout Alysia qui a commis des actes aussi atroces que sanglants ?? Car je suis la fille du sorcier noir ??
  Puis, sans attendre sans réponse, elle continua :
  Certes, je l'étais. Mais maintenant, elle a disparu. La Ténébris d'avant. Je ne suis plus comme ça. Je suis prête à payer pour mes actes, et rester enfermée ici autant qu'il le faudra.
  Mais me croyez-vous ignorante ? Quand bien même je l'aurais fait, j'aurais fait porter le chapeau à quelqu'un d'autre et puis, regardez mon état ! Je ne peux même pas me lever correctement sans tomber ! Je sais que je suis pour vous la grande suspecte numéro un. Mais je suis prête à vous aider ! Moi aussi, j'ai un cœur, moi aussi, je veux, venger les victimes. Ce n'est pas un piège !" Elle prit sa tête dans ses mains... Elle ne se sentait pas bien. Elle avait la vue brouillée et le petit bureau tournoyait dans tous les sens. Elle allait s'évanouir. Son effort pour marcher jusqu'au bureau du chef était un miracle.
Mais c'en était trop. Puis, juste avant de sombrer dans l'inconscience, elle hurla de plus belle :
  "LA CRIMINELLE, FILLE DU SORCIER NOIR QUI A COMMIS CES MASSACRES N'EST PLUS !! JE je ...."
  Puis ce fut le noir total.